Épilepsie - Causes, symptômes et traitement

Aperçu
L'épilepsie est la conséquence d’un dysfonctionnement cérébral qui peut avoir plusieurs origines. Ce dysfonctionnement peut affecter l’ensemble du cerveau ou une partie seulement lors d’une crise d’épilepsie. On distingue ainsi deux types de crises : la crise généralisée et la crise focale. Lors d’une crise d’épilepsie généralisée, les deux hémisphères du cerveau sont touchés dès le début, tandis que lors d’une crise focale, l’atteinte se limite à un hémisphère. Les symptômes varient d’un type à l’autre. Une crise d’épilepsie peut ainsi s’accompagner d’une perte de connaissance et de violentes convulsions, mais peut tout aussi bien se caractériser par le tremblement d’un seul membre du corps, comme le bras par exemple. Un autre symptôme possible est l’altération de la perception sensorielle ou la survenue de troubles visuels. Si certains médicaments permettent de prévenir les crises, on ne guérit pas de l'épilepsie. Bien que l'épilepsie ne soit pas une maladie héréditaire, certaines personnes sont par nature plus à risque.
Selon les chiffres du Centre Hospitalier Universitaire d’Anvers (UZA), l'épilepsie est le trouble neurologique le plus répandu en Belgique après la migraine. Dans notre pays vivent plus de 60 000 patients atteints d’épilepsie.
Qu’est-ce que l’épilepsie ?
L'épilepsieest un trouble neurologique qui se manifeste par les fameuses « crises d’épilepsie ». Ce trouble peut survenir à tout âge et est causé par un excès de signaux envoyés par le cerveau. La crise focale émane de l’hyperactivité d’une région spécifique, tandis que la crise généralisée provient d’une hyperactivité cérébrale générale. Une crise peut se traduire par des convulsions de l’ensemble ou seulement d'une partie du corps. Les symptômes sont également d’intensité variable, allant de simples vertiges à la perte de connaissance. En outre, certaines perceptions sensorielles soudaines, telles que des hallucinations, peuvent se produire. Une crise est généralement de courte durée et n’entraîne aucune lésion durable.
La situation peut toutefois devenir critique lorsqu’une crise se mue en « état de mal épileptique » (EME). Il s’agit d’un phénomène potentiellement mortel qui survient lorsqu’une crise dure plus de cinq minutes ou lorsque plusieurs crises se produisent en cascade. Dans ce cas, le cerveau manque d’oxygène, ce qui provoque une insuffisance cardiaque et pulmonaire et peut ainsi entraîner la mort du patient. Face à cette situation, il est essentiel d’apporter une assistance médicale immédiate à la victime et de lui fournir les soins adaptés.
Bon à savoir
Il est uniquement question d’épilepsie en cas de crises répétées. Un épisode épileptique unique est à distinguer de la maladie chronique. Une crise peut par exemple se produire à la suite d’un grave traumatisme crânien subi lors d’un accident de la route. Ainsi, 5 % de la population sera un jour victime d’une crise d’épilepsie, sans qu’il y ait pour autant un lien avec l’épilepsie.
Que se passe-t-il lors d’une crise d’épilepsie ?
Le cerveau se compose de milliards de neurones qui communiquent entre eux par l’intermédiaire de signaux électriques et chimiques. C’est ce qu’on appelle l’influx nerveux. Le cerveau est divisé en plusieurs régions qui commandent respectivement le langage, la motricité, les sensations ou encore la perception. Une crise d’épilepsie est le résultat d’un dysfonctionnement temporaire d’un groupe de neurones qui envoient de manière soudaine et simultanée des signaux à haute fréquence et les imposent aux neurones voisins. Selon la zone du cerveau touchée, les symptômes diffèrent.
Quelles sont les causes de l’épilepsie ?
Les causes de l’épilepsie sont tout aussi variées que ses symptômes. Leur dénominateur commun étant un dysfonctionnement cérébral, dont l’origine peut être une prédisposition génétique ou une lésion cérébrale due, par exemple, à :
- une méningite (inflammation des tissus qui entourent le cerveau et la moelle épinière)
- une encéphalite (inflammation soudaine du cerveau)
- un trouble de la circulation lié à un AVC
- une tumeur
- une lésion cérébrale causée par un accident
- un manque d’oxygène à la naissance
- une anomalie lors du développement du cerveau
- un trouble du métabolisme cérébral
Quels sont les symptômes les plus courants de l’épilepsie ?
On distingue deux types de crises d’épilepsie, la crise généralisée et la crise focale, qui présentent des manifestations différentes.
La crise généralisée
Dans le cas d’une crise généralisée, le cerveau est touché dans son intégralité. Ces crises n’en sont pas pour autant plus graves que les crises focales, mais elles mènent plus souvent à la perte de connaissance et à des convulsions de tout le corps. Une crise généralisée peut se manifester sous les formes suivantes :
- Manifestation tonique : une crise de ce type est généralement de courte durée et se caractérise par des crampes et raideurs dans les membres, sans fortes convulsions ni perte de connaissance.
- Manifestation atonique : une crise atonique se traduit par la perte soudaine de tonus dans les muscles d’une partie du corps. Le risque de chute est donc accru si les muscles autour des genoux sont soudainement touchés par cette perte de tonicité. Il est également possible que la personne s'évanouisse.
- Manifestation clonique : ce type de crise entraîne souvent la perte de connaissance de la personne touchée et provoque la contraction des grands groupes musculaires, dans les bras et les jambes notamment, à l’origine de mouvements convulsifs.
- Manifestation myoclonique : une crise myoclonique se manifeste par la contraction brève, mais puissante de groupes musculaires individuels et n’entraîne généralement aucune perte de connaissance.
- Manifestation tonico-clonique (« grand mal ») : durant ce type de crise, la personne touchée perd connaissance et est prise de violentes convulsions dans l’ensemble du corps. De la mousse peut sortir de sa bouche. C'est généralement l'image qui vient en tête lorsqu'on pense à une crise d'épilepsie.
- Absence : une crise d’absence est une forme légère de crise généralisée. Cette crise se caractérise par des périodes d’absence brèves et soudaines.
Comportement à adopter pendant un grand mal
En tant que témoin d’un grand mal, il peut être impressionnant de voir une personne s’évanouir et perdre connaissance, surtout si vous ne savez pas comment réagir. Lui venir en aide n’est toutefois pas compliqué.
- Tout d’abord, gardez votre calme et prêtez attention à la durée de la crise. Si elle excède cinq minutes, appelez immédiatement les services de secours.
- Sécurisez la zone autour de la personne qui se trouve à terre afin de limiter le risque de blessures.
- Retirez les vêtements qui peuvent entraver la respiration, écharpes et cravates notamment.
- Protégez la tête de la personne et ne mettez jamais rien entre ses dents.
- Dès que les convulsions s’atténuent, tournez la personne de manière à la mettre dans une position confortable, telle que la position latérale de sécurité (PLS).
- Restez auprès de la personne jusqu’à ce qu’elle reprenne ses esprits et rassurez-la.
La crise focale
Une crise focale émane d’un seul hémisphère du cerveau, mais peut s’étendre au second et entraîner une crise généralisée. Ses symptômes sont donc eux aussi très variés. Selon la région touchée, la crise peut occasionner des troubles de la vision (crise visuelle) ou les convulsions d’un membre (crise motrice). Certains patients ressentent de l’anxiété ou sont pris de vertiges. Une aura peut survenir sous la forme de perceptions sensorielles inhabituelles, telles que des hallucinations, des picotements ou des troubles visuels. Durant une crise focale, certaines personnes peuvent errer sans but, avoir de drôles d’expressions sur le visage, claquer des lèvres ou sembler distraites ou absentes.
Une crise d’épilepsie sévère est très éprouvante pour l’organisme. De nombreux patients ont donc besoin de plusieurs heures de sommeil pour récupérer, quand d’autres se remettent plus vite et reprennent plus facilement leurs habitudes. Les crises d’épilepsie n’engendrent aucune lésion cérébrale. Les altérations mentales et symptômes tels que la dépression, les troubles de l’élocution et la paralysie ne sont donc que temporaires. La crainte d’une nouvelle crise peut toutefois engendrer beaucoup de stress et donner lieu à une dépression permanente. Après plusieurs années de crises sévères, la personne touchée peut aussi devenir plus distraite et éprouver des difficultés à se concentrer.
Les personnes épileptiques ne présentent généralement aucun symptôme entre les crises.
Comment diagnostique-t-on l’épilepsie ?
Si c'est la première fois que vous faites une crise d'épilepsie, il est important de vous rendre le plus vite possible chez le médecin. En général, le médecin traitant est le premier point de contact et peut vous renvoyer vers un neurologue pour des soins spécialisés. En effet, certains neurologues sont spécialisés dans l’épilepsie. Pour l’établissement du diagnostic, le patient doit répondre à un certain nombre de questions sur la manière dont se déroulent ses crises, leur durée ainsi que leurs symptômes rapportés par les témoins. Ces informations permettent généralement de déterminer le type de crise auquel on a affaire.
Par ailleurs, il est important de faire la distinction entre l’épilepsie d’une part et les autres maladies engendrant des symptômes similaires d’autre part. L’épilepsie peut ainsi être confondue avec une migraine ophtalmique (migraine avec aura). Il s’agit d’une maladie caractérisée par un mal de tête pulsatile et unilatéral, mais aussi par une paresthésie, un trouble sensoriel qui se manifeste par exemple par des picotements dans les bras et les jambes. Les jeunes enfants peuvent également présenter des symptômes s'apparentant à une crise d’épilepsie. En effet, lorsqu’ils ont une infection avec de la fièvre, ces derniers peuvent souffrir de convulsions fébriles. C’est pourquoi le diagnostic ne peut se faire uniquement sur la base d’une discussion avec le médecin, mais requiert également un examen neurologique.
Pour réaliser cet examen, le spécialiste utilise un électroencéphalogramme (EEG). Cet appareil enregistre l’activité électrique du cerveau afin de mesurer les ondes cérébrales, à la façon d’un électrocardiogramme (ECG), qui mesure l’activité du cœur. Grâce à l’EEG, le neurologue étudie la réaction du cerveau aux stimuli extérieurs et teste s’il est possible de déclencher une crise chez le patient, dans un environnement contrôlé. Pour ce faire, le patient est soumis à un test de lumière ou d’hyperventilation. Au cours du premier, la personne subit des stimulations lumineuses intermittentes tandis que pour le second, la personne doit accélérer sa respiration durant un certain laps de temps. Si ces stimuli font effet, le médecin le verra sur le tracé de l’électroencéphalogramme. Pour confirmer le diagnostic, on peut recourir à un EEG de longue durée et à des enregistrements plus longs.
En outre, il est important d’exclure d’autres maladies :
- L’arythmie cardiaque peut également conduire à une brève altération de l’état de conscience.
- Les analyses de sang aident à exclure un éventuel trouble métabolique comme cause de l’épilepsie.
- On peut réaliser une ponction lombaire (prélèvement d’une petite quantité de liquide céphalorachidien dans le dos) pour écarter une inflammation du cerveau.
- L’imagerie par résonance magnétique (IRM) et les images du cerveau ainsi obtenues peuvent révéler d’éventuels troubles circulatoires, un AVC par exemple, comme cause des crises.
Comment traite-t-on l’épilepsie ?
La possibilité d’un traitement et sa mise en œuvre dépendent de chacun. Le médecin doit impérativement informer son patient en détail sur la maladie, les différents traitements qui existent et les avantages et inconvénients que ceux-ci comportent.
Traitement médicamenteux
Dans de nombreux cas, les crises d’épilepsie peuvent être prévenues grâce à un traitement médicamenteux correctement dosé. Les « anticonvulsifs » ou « antiépileptiques » ne permettent toutefois pas de guérir la maladie. Pour bénéficier d’un traitement médicamenteux efficace, il est important de savoir à quel type d’épilepsie on a affaire. Le traitement débute par une dose légère, que l’on augmente progressivement jusqu’à l’arrêt complet des crises ou des effets secondaires. Si le traitement de base n’a pas l’effet escompté, il est possible de le compléter avec un médicament supplémentaire, à prendre également à hautes doses jusqu’à atteindre l’effet désiré. Ce n’est qu’ensuite que l’on pourra diminuer au fur et à mesure la dose du premier médicament avant d’arrêter définitivement sa prise.
Autres traitements
Dans le cas d’une épilepsie focale, il existe également d’autres possibilités de traitement, telles que la chirurgie. Si l’épilepsie est due à une malformation du cortex cérébral, comme dans le cas d’une dysplasie corticale focale (DCF), cette anomalie peut être corrigée lors d’une opération visant à retirer les parties problématiques du tissu cérébral. Dans ce cas, l’opération peut mettre un terme aux crises. L'identification et le retrait de la zone du cerveau à l’origine des crises focales sont des facteurs déterminants pour le succès de l'intervention.
Outre la chirurgie, un traitement psychothérapeutique peut également se révéler utile lorsque la qualité de vie est altérée par des sautes d’humeur, de l’anxiété ou une fatigue chronique.
S’il atteint l’état de mal épileptique, le patient nécessite une médication d’urgence, qu’il doit toujours avoir avec lui afin que des tiers, comme ses proches, puissent la lui administrer sans délai.
Que pouvez-vous faire si vous souffrez d’épilepsie ?
Si vous souffrez d’épilepsie, il est important que vous veilliez à dormir suffisamment afin de réduire le risque de crise. Tant que le risque d’avoir une crise d’épilepsie n’est pas écarté, la conduite d’un véhicule n’est autorisée que sous certaines conditions qu’il convient de clarifier avec votre médecin.
Pensez également à vous faire aider psychologiquement si votre maladie vous semble être un frein ou si vous ne parvenez plus à faire face à certaines situations du quotidien.
La Ligue francophone belge contre l'épilepsie est une association qui vise à promouvoir le bien-être des personnes épileptiques et de leur entourage. Entrer en contact avec des personnes qui comprennent votre situation peut se révéler très utile pour trouver une manière de vivre avec la maladie.
Publié le : 11.07.2024
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